Un extrait de la dernière lettre du milieu montagnard.Pour ceux qui le désirent, je peux fournir le texte en format world
EFFET DE SERRE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE
Réalisée sous l’égide de la Commission nationale de Protection de la Montagne
C'est un sujet grave, dont on parle et sur lequel on écrit beaucoup, même si certains contestent les risques pour notre bonne vieille Terre et ses habitants.
Ce qui suit est tiré d'une brochure publiée par l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME) et d'une publication de l'O.C.D.E intitulée :
« Changements climatiques dans les Alpes : Adapter le Tourisme d'hiver et la gestion des risques naturels ».
Une précision tout d'abord : il faut se garder de critiquer 1'« Effet de serre » car il est indispensable, sans lui la Terre serait très inhospitalière, ceci permet à l'atmosphère de se maintenir en moyenne à +15°C, alors que s'il était inexistant la température serait de l'ordre de -18°C, ce qui serait très froid. C'est donc un phénomène naturel, condition indispensable à la vie sur terre, celle-ci reçoit
en effet toute son énergie du soleil, seule une partie est absorbée par la Terre, le reste étant renvoyé vers l'espace, les gaz à effet de serre en retenant une certaine partie.
Certains des gaz à effet de serre sont naturellement présents dans l'air, la vapeur d'eau, le gaz carbonique, le méthane, le protoxyde d'azote, mais les activités humaines produisent de plus en plus ces trois derniers, résultat
: leur concentration dans l'atmosphère augmente et plus récemment s'y sont ajoutés d'autres gaz issus uniquement de nos activités. A titre d'exemple le gaz carbonique est surtout dû à la combustion des énergies fossiles
(charbon, pétrole, gaz) et à l'industrie, le méthane provenant
de l'élevage des ruminants (augmentation de la consommation humaine de viande), de la culture du riz, des décharges d'ordures, des exploitations pétrolières et gazières.
La durée de vie de ces gaz dans l'atmosphère varie beaucoup : 12 ans pour le méthane, une centaine d'années pour le gaz carbonique, ce qui veut dire que celui
produit aujourd'hui fera encore effet dans un siècle, leur pouvoir de réchauffement n'est pas le même, un kg de méthane produit autant d'effet de serre que 21 kg de gaz carbonique.
En ce qui concerne les changements climatiques, il y en a déjà eu : l'ère quaternaire est jalonnée de glaciations et de périodes chaudes. Il y a 20.000 ans le climat du Périgord ressemblait à celui de la Sibérie, mais le phénomène
actuel dépasse par son ampleur et sa rapidité tous les épisodes des 400.000 dernières années. Les activités humaines depuis la révolution industrielle du 19ème siècle ont produit en peu de temps, beaucoup de gaz à effet de
serre supplémentaires ce qui se traduit par une élévation très rapide de la température moyenne de la terre et de l'atmosphère, les modifications constatées ne se résumant pas à un réchauffement, c'est l'essentiel du climat qui se modifie.
Toutes les prévisions des scientifiques vont dans le même sens : au cours du seul 21ème siècle, la température moyenne sur t erre pourrait augmenter de 1,4°C à 5,9°C, en d'autres termes le réchauffement tel qu'il est enclenché fait craindre un changement climatique cent fois plus rapide que ce qui résultait d'un
simple phénomène cyclique avec des conséquences dépassant les facultés d'adaptation des hommes, des animaux et des végétaux. En ce qui concerne les conséquences, l'élévation du niveau des mers en sera la manifestation la plus flagrante, provoquée par la fonte partielle, voire totale des calottes de glace polaire et des glaciers continentaux, en moyenne le niveau s'élèverait
d'environ 50 centimètres d'ici 2100. Des pays comme les Iles Maldives dans l'océan Indien auraient des difficultés à lutter contre l'avancée de la mer, en France la Camargue et les lagunes du Languedoc seraient immergées et dans des régions très vulnérables, notamment dans le Bangladesh, les très nombreux
habitants qui y vivent, chassés de leur terre par la montée des eaux seraient en recherche de nouveaux lieux pouvant les accueillir dans une région déjà surpeuplée.
Autre aspect du changement, la modification du régime des précipitations, les courants océaniques comme le Gulf Stream seraient affectés, quant aux manifestations climatiques extrêmes (inondations, tempêtes, vagues de chaleur, sécheresse) constatées au cours des 50 dernières années, elles pourraient se
manifester avec une plus grande fréquence. Plus particulièrement en montagne, notamment dans les Alpes, la sensibilité aux changements climatiques et au réchauffement y est à peu près trois fois supérieure à la moyenne
mondiale, les années 1994, 2000, 2002 et surtout 2003 y ont
été les plus chaudes depuis plus de 500 ans. Dans les conditions climatiques actuelles 609 des 666 domaines skiables alpins (soit 91 %) peuvent être considérés comme fiables du point de vue de l'enneigement naturel, le
nombre de domaines fiables chuterait à 500 dans le cas d'un
réchauffement de 1°C, à 404 dans le cas de +2°C et à 202 dans
le cas de +4°C. Le secteur du tourisme d'hiver réagit aux conséquences des
changements observés et diverses mesures d'adaptation technologiques
et comportementales ont été mises en œuvre, la principale stratégie d'adaptation étant le recours à la neigé artificielle. Si celle-ci se révèle -en apparence- rentable cela tient à ce que les estimations ne tiennent compte que des coûts financiers à la charge des exploitants des domaines et omettent
les répercussions potentielles de la consommation d'eau et d'énergie ou les effets sur le paysage (impact des retenues collinaires) et les écosystèmes, par ailleurs au delà d'un certains seuil de température la production de neige artificielle ne sera plus viable.
Quant à la législation concernant la neige artificielle, il n'existe pas en France de réglementation spécifique relative à l'utilisation des équipements de neige artificielle, ceux-ci ne relèvent pas de la procédure UTN. .La question des répercussions des changements climatiques sur les risques naturels déjà existants dans les Alpes est beaucoup plus complexe, en dépit des incertitudes
concernant leur incidence sur les crues et les tempêtes hivernales, les risques liés à ces changements doivent être pris au sérieux étant donné les conséquences de ces événements et l'aggravation de la vulnérabilité des sociétés alpines sous l'effet des pressions démographiques et des conflits d'utilisation des terres.
Quels remèdes ? Réduire dès maintenant la croissance des émissions de gaz à effet de serre, sachant que plus le réchauffement sera rapide, plus ses conséquences seront difficiles à maîtriser, d'où l'importance d'agir vite. Au sommet de Rio (1992), les 179 États signataires se sont donnés pour objectif de ramener avant l'an 2000, les rejets de ces gaz au niveau de 1990, mais cet objectif n'a pas été atteint par tous. Par la suite des engagements chiffrés et contraignants ont été pris par les pays industrialisés en 1997, lors du protocole de Kyoto, mais les Etats Unis se sont retirés de ce protocole en 2001.
Pour terminer, il est possible de dire que la participation des pays en développement au progrès dans la diminution des gaz, est l'enjeu majeur de futures négociations, en effet ces pays mettent en préalable : un comportement
exemplaire des pays industrialisés, autant dire que la prise de position des Etats Unis à l’avenir sera déterminante, peut-on raisonnablement l'espérer ?
Pierre Bontemps